Est qualifiée de déficience visuelle, une diminution de la vision qui ne peut être corrigée par des lunettes, des traitements ou des chirurgies. Elle se mesure par l’acuité visuelle (capacité à distinguer les détails) et le champ visuel (l’étendue de ce que l’on peut voir). Parmi les déficients visuels, on distingue les malvoyants des personnes aveugles. Les premiers ont une acuité visuelle entre 4/10 et 1/10, tandis que les seconds ont une acuité inférieure ou égale à 1/20.  

La déficience visuelle touche majoritairement les adultes. Bien qu’il soit plus rare que la cécité ou la malvoyance se retrouvent chez des individus plus jeunes, ces derniers doivent pouvoir bénéficier d’une scolarisation optimale quelle que soit leur situation géographique ou le degré de leur handicap.  

Remise en contexte

D’après la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France, 1,7 million de personnes seraient atteintes d’un trouble de la vision en Hexagone, dont 207 000 aveugles et 932 000 malvoyants. Concernant la scolarité, près de 10 000 élèves aveugles sont scolarisés chaque année ainsi que 35 000 élèves amblyopes*. Leurs options de scolarisation incluent les classes ordinaires, les Unités Localisées pour l'Inclusion Scolaire (ULIS) et les Instituts d'Éducation Sensorielle (IES). La décision sur le mode de scolarisation est souvent prise avec le soutien des MDPH*, qui évaluent les besoins individuels de chaque enfant pour recommander le dispositif le plus adapté.

L'inclusion scolaire de ces jeunes est importante non seulement pour leur développement éducatif mais aussi pour leur épanouissement personnel et leur intégration sociale. Cela permet aux enfants atteints de troubles visuels de développer des compétences fondamentales pour leur autonomie et leur future insertion professionnelle.

Le taux de scolarisation de ces enfants en milieu ordinaire a progressé, mais des défis demeurent pour assurer une éducation adaptée et efficace à chacun d'entre eux.

Le premier défi réside dans la répartition géographique des spécialistes, accompagnants ou enseignants. En effet, certains élèves ne peuvent bénéficier d’un accompagnement spécialisé ou de formation au braille par manque de professeurs qualifiés dans leur région ou leur département. A contrario, cette situation est bien moins catastrophique dans les grandes métropoles telles que Paris.  

Les répondants à l’enquête pour l’étude Homère de 2023 ont pu s’exprimer sur leur parcours scolaire et ont, par ailleurs, souligné la difficulté d’accéder à des contenus pédagogiques adaptés et le manque de formation à la déficience visuelle des professeurs en classe ordinaire.

De son côté, l’ANPEA (Association Nationale des Parents d’Enfants Aveugles) rapporte un fait plutôt alarmiste au travers de son enquête de 2021 : plus de 600 enfants déficients visuels seraient laissés pour compte, attendant qu’une place se libère au sein des services spécialisés. Dans cette attente, ils restent sans accompagnement malgré une notification de la MDPH.

Impact de la déficience visuelle sur la scolarité

Les déficits de la vue impactent le parcours scolaire d’un enfant. De la maternelle au lycée et au-delà, des ajustements pédagogiques sont indispensables. Chez les plus jeunes, en maternelle et en primaire, les troubles visuels peuvent entraver le développement des compétences de base et de la motricité. Au collège et au lycée, les défis s’intensifient avec la complexité des disciplines étudiées. Supports visuels, prise de notes, participation à des activités peuvent représenter des difficultés importantes. Concernant l’enseignement supérieur ou la formation professionnelle, l’autonomie devient alors centrale.

Développement, suivi des cours et acquisition d’autonomie sont tous les éléments pour lesquels des outils adaptés et des méthodes pédagogiques spécifiques doivent être mis en place pour faciliter l’accès au programme scolaire et à l’évolution de l’enfant. Les supports de cours doivent être adaptés, un soutien individualisé doit être mis en place et l’apprentissage du braille doit être réalisé dès le plus jeune âge.  

Devant l’impact considérable que peut représenter une déficience visuelle chez des enfants, adolescents et jeunes adultes qui ne sont pas accompagnés convenablement, il est de notre devoir de les épauler dans un Etat de droits tel que le nôtre.  

La scolarité se doit d’être accessible à tous sans discrimination.

Moyens techniques et aménagements

Pour assurer une inclusion efficace, l’adaptation de l’environnement scolaire et l’utilisation de technologies spécialisées est indispensable.  

Concernant l’apprentissage et le suivi des cours, divers dispositifs sont possibles :  

  • Logiciels de lecteur d’écran qui transforment le texte affiché en paroles ou en braille,
  • agrandisseurs de texte et logiciels de modification de contraste, comme la solution proposée par Magic Sight  
  • équipements tels que les plages braille qui convertissent le texte numérique en braille,  
  • lecteurs de livres audio facilitant l’accès aux ressources pédagogiques,  
  • tableaux interactifs en salle de classe ainsi que des manuels en braille ou en gros caractères et modèles tactiles permettent une meilleure compréhension des leçons.

De plus, aménager correctement les structures est un autre point tout aussi important. Cela peut inclure l’installation de rampes, de marquages au sol contrastés et de balises sonores pour aider à l’orientation dans l’espace. L’aménagement des salles de classe doit également tenir compte des besoins spécifiques en matière d’éclairage et de disposition des meubles pour faciliter la circulation.

L’inclusion scolaire des élèves déficients visuels passe aussi par la formation des enseignants et des AESH*. Ces derniers doivent acquérir des compétences pour adapter leurs méthodes pédagogiques et utiliser les aides techniques à leur disposition.  

L’éducation, un droit fondamental

L’éducation est obligatoire dès l’âge de trois ans en France. Mais c’est également un droit fondamental pour tous les enfants, quelle que soit leur situation.  

Des avancées ont été réalisées en matière d’inclusion scolaire des enfants déficients visuels. Toutefois, le chemin vers une intégration totale et une prise en charge efficace est encore long. C’est pourquoi, les efforts doivent être poursuivis pour fournir les ressources nécessaires et améliorer la formation des professionnels qui encadrent ces jeunes.

* Amblyopes : personnes qui ont une acuité visuelle réduite dans un œil. Il y a donc une différence de vision entre les deux yeux. L’œil mis en cause est souvent appelé « l’œil paresseux ». L’amblyopie peut toucher les deux yeux mais c’est un phénomène plutôt rare.

* MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées) : structures publiques qui offrent un guichet unique pour les personnes en situation de handicap. Leur rôle est d'accueillir, d'informer, d'accompagner et de traiter les demandes liées aux droits, aux prestations, à l'emploi, au logement adapté, à la scolarisation, etc.

* AESH (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap) : professionnel qui apporte un soutien individualisé aux élèves en situation de handicap dans les établissements scolaires. Son rôle est d'assister l'élève dans ses activités scolaires quotidiennes, favorisant ainsi son intégration, sa participation en classe et son autonomie. Il travaille en étroite collaboration avec les enseignants et les équipes éducatives.