Entrer dans un magasin ne devrait jamais être un défi.
Pourtant, pour les personnes malvoyantes, le moindre obstacle peut transformer une simple visite en parcours du combattant. L’accessibilité n’est pas qu’une obligation légale : c’est un levier d’inclusion, de confort et de fidélisation.
Adapter son espace de vente, c’est garantir une expérience fluide et accueillante à tous les clients. C’est aussi valoriser son engagement en faveur d’un commerce responsable et durable.
Comprendre la basse vision et ses implications
La basse vision désigne une atteinte visuelle sévère qui persiste malgré le port de lunettes ou une opération. Elle ne signifie pas la cécité totale, mais une perte importante de l'acuité ou du champ visuel. À la différence d’une personne aveugle, une personne malvoyante perçoit encore partiellement son environnement.
En France, près de 1,7 million de personnes sont concernées par une déficience visuelle, dont environ 207 000 en situation de basse vision⁽¹⁾.
Dans les établissements recevant du public, l’autonomie de ces clients dépend largement de l’environnement. Un espace clair, fluide et bien pensé leur permet de se déplacer sans aide, de choisir un produit en toute sécurité et d’être acteur de leur expérience d’achat.
Cadre réglementaire de l’accessibilité pour les malvoyants
Depuis la loi du 11 février 2005⁽²⁾, l’accessibilité est un droit pour tous. Cette loi impose à tous les établissements recevant du public (ERP), y compris les commerces, de permettre un accès autonome aux personnes en situation de handicap, visuel compris.
Chaque ERP doit avoir réalisé un diagnostic accessibilité. En cas de non-conformité, un Agenda d’Accessibilité Programmée (Ad’AP) doit être mis en place pour planifier les aménagements nécessaires.
Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions financières importantes, voire la fermeture administrative de l’établissement.
Pour vous informer ou vérifier votre conformité, consultez le site du Ministère de la Transition Écologique. Des fiches pratiques sont également disponibles sur accessibilite.gouv.fr.
Aménagement des cheminements extérieurs
L’accessibilité commence dès l’extérieur du magasin. Le cheminement piéton doit être continu, sans obstacle et mesurer au minimum 1,40 m de large. Une largeur de 1,20 m est tolérée sur de courtes distances.
Les revêtements doivent être stables, non glissants et sans aspérités. Le contraste entre le sol et les bordures permet de mieux distinguer les zones de circulation.
Les bandes d’éveil de vigilance sont indispensables en haut des escaliers, aux passages piétons ou avant une zone de danger. Elles alertent les personnes malvoyantes grâce à un relief au sol facilement détectable.
Poteaux, poubelles, jardinières : tout obstacle doit être supprimé ou bien signalé. Un chemin sûr et clair, c’est la base d’un accueil réussi.
Circulations intérieures et agencement du magasin
À l’intérieur d’un espace de vente, l’aménagement doit permettre une circulation sans rupture ni confusion. Les allées doivent être suffisamment larges (1,20 m minimum) pour laisser passer un client malvoyant seul ou accompagné, sans qu’il ait à se faufiler ou contourner des obstacles. Les zones de présentation des produits ne doivent pas empiéter sur ces circulations.
L’organisation spatiale doit être cohérente : chaque zone a une fonction claire (accueil, essayage, paiement) et les transitions entre ces zones sont progressives et facilement identifiables. Un espace encombré ou modifié fréquemment crée une désorientation pour les personnes atteintes de déficience visuelle.
Le contraste visuel entre le sol, les murs, les meubles et les produits exposés facilite le repérage. Par exemple, un meuble clair sur un sol foncé sera plus aisément perçu. Les bordures de marches ou les bords de comptoir peuvent être soulignés par des bandes de couleur vive ou des textures différentes pour créer un effet de rupture visuelle.
La hauteur du mobilier est également à prendre en compte. Les éléments doivent rester accessibles sans se baisser excessivement ni lever la tête au-delà de 1,30 m. Il est recommandé de regrouper les produits similaires dans des zones logiques, avec une signalétique lisible.
L’éclairage doit être continu sur l’ensemble du magasin. Il convient de privilégier une lumière diffuse, homogène et indirecte pour éviter les zones de reflets ou d’éblouissement. Les spots puissants ou mal orientés peuvent créer des contrastes violents qui désorientent. Une attention particulière doit être portée aux entrées et vitrines, souvent sujettes à de forts écarts de luminosité.
Un magasin pensé dans cette logique offre à chaque visiteur une lecture fluide de l’espace, sans surprise ni confusion.
Signalétique adaptée aux personnes malvoyantes
Une signalétique efficace permet de se repérer facilement, sans aide extérieure. Les caractères doivent être grands, d’au moins 15 mm de hauteur, avec une police simple et sans empattement. Le contraste entre le texte et le fond est primordial : noir sur blanc, blanc sur bleu, jaune sur noir… autant de combinaisons qui améliorent la lisibilité.
Les panneaux d’information doivent être placés à une hauteur comprise entre 0,90 m et 1,30 m, toujours au même emplacement d’un point de vente à l’autre. Cela facilite leur repérage visuel et tactile.
Des pictogrammes clairs, un fléchage cohérent et des marquages au sol (bandes directionnelles, zones de danger) complètent le dispositif. Ces éléments doivent respecter les normes telles que NF P98-352.
Dans certains cas, une signalétique sonore ou en braille peut renforcer la compréhension de l’espace. C’est particulièrement utile dans les grandes surfaces ou les lieux très fréquentés.
Les bénéfices d’un commerce accessible à tous
Vous l'aurez compris, adapter son espace de vente à la basse vision, c’est bien plus qu’une obligation légale. C’est répondre aux besoins concrets d’un public croissant : personnes âgées, clients malvoyants, proches aidants, mais aussi familles, passants en mobilité temporaire, etc.
Un commerce accessible, c’est un lieu plus fluide, plus lisible, plus accueillant. Cela améliore l’expérience client pour tous, sans exception. C’est aussi un engagement visible qui renforce votre image d’enseigne inclusive et responsable.
Les bénéfices sont également économiques : plus de visiteurs, une fidélité renforcée, un bouche-à-oreille positif.
De nombreux ajustements sont simples à mettre en œuvre. Un diagnostic d’accessibilité permet d’identifier les priorités et de progresser étape par étape.
Rendre votre magasin accessible, c’est investir dans l’avenir.
Vous souhaitez aller plus loin ? Découvrez notre article sur l'accessibilité web.
⁽¹⁾Source : INSEE / Santé publique France
⁽²⁾Source : Legifrance
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